Suis marathonienne !!!!
Boudu, j'en pleure encore de joie tellement c'était énorme !!!!
Courir un marathon c'est courir pour certaines valeurs qui nous motivent : estime de soi, fierté, stabilité, connaître ses limites. C'est très émouvant de participer à un tel rassemblement de, quasiment, 40 000 participants venus pour remporter ce défi qui ne peut être que très personnel pour la majorité d'entre nous.
Emil Zatopek, coureur tchécoslovaque, 4 titres olympiques, 18 records du monde a dit : si tu veux courir, cours un 100 mètres, si tu veux changer ta vie, cours un marathon (exactement : If you want to win something, run the 100 meters. If you want to experience another life, run a marathon)
Le résultat :
Dossard 25641
Classement officiel : 16075 ème sur 34 297 partants
Classement réel : 15455 ème sur 32980 arrivants
Classement chez les femmes sénior : 765 ème sur 2935
Temps réel : 4h00min23secondes - il s'agit de mon temps, à partir de mon passage sur la ligne de départ à 8h45 + 21min, vers 9h06 donc
Temps officiel : 4h21min37secondes - par rapport au départ officiel de la course à 8h45
En moyenne j'ai couru à 10,63 km/h !!!
Suis partie tranquille et j'ai réussi à accélérer à la fin, j'ai terminé à 11km/h !!! Suis très fière de la gestion de ma course, mon défi 2012 !!!
Samedi, arrivée à Montparnasse à 13h40.
Le voyage s'est bien passé, 1ére classe, des gens très sympas, je repère des coureurs qui montent aussi à la capitale pour le marathon, l'émotion monte. Il repère eux aussi les marathoniens, mais pour moi ils ne disent rien, je n'ai pas le physique d'une marathonienne (en même temps je ne suis pas encore marathonienne).
Un plaisir de traverser la France, de magnifiques paysages, oh ! Là une biche qui a failli se faire percuter par une voiture mais elle court comme une gazelle, elle traverse la route sans souci mais de justesse (le conducteur a dû avoir très peur !). Elle me fair rêver à gambader aussi vite !
A l'arrivée je retrouve ma grande Véro, toute émue aussi de me retrouver à la gare, là où elle m'a dit aurevoir lors de mon départ de Paris 6 mois auparavant !!!
On prend un petit kawa avant d'aller chercher le dossard Porte de Versailles. Arrivée au Parc des expos, du monde, une longue file d'attente : je dis "mais non, c'est un salon pour les footeux là" en me moquant ...mais non, la file d'attente c'est les coureurs qui viennent du monde entier pour, comme nous, récupérer leur dossard !!! 1h30 d'attente !
Mais l'attente est sympathique. Ma collègue et amie Gaëlle nous rejoint avec son ami Pierre. Lui arrive de Toulouse pour courir son 2ème marathon, son premier c'était à Toulouse. J'ai pu lui poser des questions sur son vécu, ça me rassure (même si je dis rien mais dans ma tête suis prête, pas de stress).
Enfin c'est à nous :
Voilà, dossard 25641 au nom de Tata Kikine (alors pour la prochaine fois je mettrai juste Kikine par exemple parce que là c'était trop long, les gens n'arrivaient pas à lire pour m'encourager : oui, les spectateurs s'amusent à lire les prénoms sur les dossards pour nous encourager, pour certains c'était rigolo, on avait l'impression qu'ils connaissaient tout le monde sur le parcours !).
Gaëlle et Pierre sont partis se ballader à Paris. Avec Véro on a flâné au salon du running, mais trop de chose donc je n'ai rien acheté. Nous avons retrouver notre Clairette, une chère collègue et amie, puis de retour chez Véro, Olivier, le mari de Clairette, nous a rejoint pour la pasta party : de bonnes pâtes à la bolognaise ! Je n'ai pas osé tester le far breton (que j'ai goûté le lendemain, très bon), pour ne pas avoir le bide tout dérangé. J'ai quand même bu un petit verre de vin rouge...oui, quand même ...j'ai été elevée au vin donc bon.
Dimanche matin, jour J.
Levées 6h (respect à Véro et Gaëlle, de son côté, pour s'être levées si tôt un dimanche matin !!! Toutes les 2 se sont données à nous suivre, monter les escaliers du métro, courir pour nous voir et nous encourager, dans ce froid parisien !).
(oui, va falloir que j'aille chez le coiffeur, longue mèche à couper !)
Me voilà prête : chaussures et montre (montre qui m'a beaucoup aidé pour m'entraîner et pour gérer ma course), le tout acheté grâce au bon d'achat que mes collègues m'ont offert lors de mon départ de Paris, merci à vous, quand je cours je pense à vous !
C'est parti, dans le métro on est nombreux, ambiance très détendue, peu de stress alors que c'est une énorme épreuve ! C'est étrange. Pour ceux qui m'ont connu stressée et angoissée au boulot : là, zen, Véro pourra en témoigner je pense. On se sent transporté par cette foule, cette ambiance.
Champs Elysées : il fait froid !!!
Avec Véro on bade, c'est énorme. A 8h le speaker lance son célèbre "Bonjour Paris", c'est émouvant !!! On a l'air ridicule avec nos larmes aux yeux !!!
Bon, va falloir rentrer dans le SAS (me suis mise dans le groupe de ceux qui veulent finir en 3h45 ...jamais je ne me suis faite doublée par les meneurs d'allure des 4h ! Finalement j'étais dans le bon SAS !!!), aller aux toilettes avant de partir (en fait, je ne savais pas mais il y a des toilettes sur le parcours, mais pas envie de perdre du temps, ça va).
En attendant je papote avec la dame devant moi, de Carcassonne, très sympathique. C'est son troisième marathon.
Elle me raconte son premier, son deuxième, son objectif. Elle me rassure. Quand je lui dis que j'ai choisi Paris parce que à en faire un je voulais en faire un beau elle me répond que vu mon profil et notre disscussion j'en ferai d'autres.
Je la crois bien. Je vais faire un dernier coucou à Véro, fait froid, je lui rend le pull que je devais jeter, je peux pas faire ça.
Le sol est mouillé, la dame de Carcassonne m'explique que c'est le pipi des hommes : "non", "si si, regardez là, le monsieur est en train de faire pipi dans le poncho Jogging" " ha ouais, beurk", nous ça, les filles, on peut pas faire !
On se soutient jusqu'au départ avec cette dame puis je l'ai laissée filer, elle voulait faire 3h45. Moi, à cet instant, je voulais finir et plutôt bien
(c'est la dame à côté de moi avec des mèches blondes)
Et c'est parti !!! J'ai un peu les larmes aux yeux, c'est énorme. Véro et Gaëlle vont se retrouver et profiter des champs Elysées sans circulation, petit déjeuner avant de nous rejoindre (en fait elles ne vont pas réussir à voir Pierre, dommage, pas facile à nous suivre).
Je suis partie tout doucement, à environ 10 km/h, le sourire ne me lachait pas, quel bonheur d'être là.
Paris, j'y ai vécu 7ans et demi, sur tout le parcours des souvenirs reviennent, notamment en passant près du Palais de justice où j'ai travaillé, Bastille où j'ai vécu pendant 5 ans ! A l'époque je regardais passer le marathon quand j'allais faire mes footings, j'étais déjà émue. Puis Vincennes, le lac Daumesnil, une boule d'émotion monte : c'est là où j'ai commencé à courir en 2006 je crois, avec Lauranie. Merci Lauranie, c'est grâce à toi un peu si je suis là. On partait à vélo jusqu'au lac, bouteille d'eau, on faisait un tour du lac, environ 2km, et on était morte, puis on enchainait avec les abdos ! Je me souviens de la fois où j'ai fait l'arbre droit en mettant la main dans la merde ! Bref, que de souvenirs.
Ce parcours je le connais, je l'ai fait lors de mon premier semi-marathon, Véro était déjà présente ce jour là.
A l'approche du château de Vincennes, on voit le podium pour François Hollande. On plaisante avec des coureurs, on dit que c'est sympa d'avoir fait ça pour nous ...oui mais non, ce n'est pas pour nous. On a l'impression que ce podium est plus grand que celui de la Concorde pour Sarkozy ...prémonitoire ? On passe.
Tout le long du parcours on est entraîné par la foule, les spectateurs qui encouragent (c'est impressionnant), les groupes de musiciens et pom pom girls en tout genre, c'est extraordinaire !
Retour sur Paris, après le passage dans le bois (pause pipi pour les hommes, bien alignés, ça valait bien une photo ! Les filles derrière les arbres, plus discret), les premiers abandons et blessures, les premières sirènes du SAMU.... et heureuse de voir Véro et Gaëlle au 20ème kilomètre, je ne pensais pas les voir vu ce monde !!!
Retour sur Bastille, puis les berges, face à l'île Saint Louis (mon ancien chemin pour aller au boulot).
Après le Louvre, on passe sous le tunnel et là c'est la catastrophe : la montre ne fonctionne plus ! Suis un peu perdue, courir aux sensations, ne pas aller vite mais ne pas trop ralentir ....on sort du tunnel et là ma montre est déréglée : suis à 70 km/h ...pas possible !!! Elle ne refonctionnera que plusieurs kilomètres plus tard.
On voit la Tour Eiffel, on approche du kilomètre 30, comment ça va se passer ?
C'est au kilomètre 30 que nous avions décidé d'aller faire des petits footings avec Lauranie, je pense à elle à ce moment là et de nouveau je vois Gaëlle et Véro qui hurlent mon prénom !
Kilomètre 30 tout va bien, kilomètre 35 ça va, j'accèlère un peu ...finalement non, on va ralentir, ça commence à tirer dans les mollets. Aux ravitaillements on prend le temps de boire, de manger, en marchant. Puis arrive un point de côté, ralentissement, je finis par marcher pour récupérer, faut que je reparte, faut pas lâcher comme certains qui ne peuvent plus avancer, moi je veux le finir ce marathon ! Et en plus je suis bien partie pour le finir en 4h !!! Je repars, doucement, je garde du jus pour la fin. Mais quand est-ce qu'on va sortir de ce foutu bois de Boulogne !!! Enfin, les derniers encouragements, ma montre n'est pas fiable, pour elle suis arrivée aux 42 km, on entend enfin au loin la foule, les cris se rapprochent, oui, on les voit, on voit le public très nombreux qui nous encourage, ça fait chaud au coeur, je commence à avoir les larmes qui montent, une boule d'émotion qui m'empêche de respirer ....il me reste du jus, pour les derniers mètres j'accélère et je finis à 11 km/h, quel bonheur, ma montre indique 4h, j'espère qu'elle a raison !!!
(suis derrière les hommes en vert, courageux)
La première personne que j'appelle c'est mon papa, suis fière, il va être fier de moi, lui le marathonien, lui qui a courru aussi les 100 km de Millau et Belvès, ma mère aussi, elle va pleurer, c'est sûr, elle m'a toujours soutenu ! Puis Véro, elle aussi est en larmes, fière de sa 'tite Crissine !!! Les kleenex m'ont beaucoup manqué à ce moment là.
(les marathoniens sont tout en bleu pour se protéger du froid)
Ensuite j'ai été prise en charge par les élèves kiné puis ostéo, on a constaté l'absence d'ampoule, je leur ai donné l'astuce de mon papa (mettre des chaussettes sales), et Véro a retrouvé sa 'tite Crissine en forme. Merci à Véro qui m'a attendu toute seule dans le froid ! On s'est vite réchauffé dans le métro.
Chez Véro on a trinqué, une petite bière, le réconfort après l'effort (l'ostéo avait dit qu'on avait droit à une bière, pas plus !). Le lendemain, j'ai eu seulement mal aux cuisses, prête à planifier la prochaine course (à Pentecôte peut-être, dans le Limousin ... à suivre).
Christine
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